Si la musique adoucit les mœurs, soigne-elle les maux ? Du Funk sautillant au classique mélodieux, les mélopées rythmées ont de tout temps nourri les péripéties scientifiques avec un succès inégal. Bien que l’utilité effective de la musicothérapie ne fasse aujourd’hui plus l’ombre d’un doute, son protocole opérationnel reste encore artisanal, pêchant par un manque criard de normes structurantes. Si la thérapie musicale passionne autant les chercheurs, c’est que les conclusions positives sur son pouvoir « guérisseur » pullulent depuis une dizaine d’années. Dernier fait d’arme ? Des chercheurs de l’Association Américaine de Psychologie ont mis en exergue l’étonnante synchronisation de l’activité cérébrale des personnes épileptiques avec le rythme de la musique, ouvrant ainsi une perspective prometteuse pour prévenir les épisodes de crise…
La musique pour prévenir les épisodes épileptiques
En partant de la simple hypothèse que « silence et musique sont traités différemment par le cerveau », les chercheurs de l’AAP ont comparé l’activité cérébrale des personnes souffrant d’épilepsie à celle des volontaires non-atteints lors de l’écoute de deux morceaux aux caractéristiques différentes : la sonate K448 de Mozart et « My Favorite Things » du Jazzman John Coltrane, après avoir pris soin d’enregistrer une épreuve « témoin » en sondant l’activité cérébrale sans musique. Le premier constat est que l’activité cérébrale de tous les sondés se voit boostée par l’écoute de la musique. La deuxième découverte, plus intéressante, démontre que les ondes de l’activité du cerveau des 21 patients épileptiques se synchronisent quasi-parfaitement avec le tempo de la musique, qu’elle soit classique ou Jazzy. « Nous avons été très surpris par ce résultat », avoue Christine Charyton, professeur adjoint de neurologie au Centre Médical Wexner de l’Université d’Etat de l’Ohio.
Musicothérapie : des douleurs postopératoires à l’AVC
Les conclusions de cette étude ouvrent indubitablement des perspectives encourageantes pour la prévention des crises aiguës d’épilepsie, et viennent se greffer aux récentes découvertes du pouvoir thérapeutique de la musique. Il y a quelques mois déjà, des chercheurs de l’Université Northwester (Chicaco) ont quantifié l’effet de l’audiothérapie sur les douleurs postopératoires des enfants, à qui l’administration de la morphine est strictement prohibée pour des raisons évidentes de santé. Mieux encore… Une expérience menée à l’Ecole de médecine Harvard a confirmé l’efficacité surprenante de la fameuse « thérapie mélodique et rythmée » de Van Eeckhout et Bhatt (1973), qui concoure activement à la rééducation des personnes victimes d’un accident cardiovasculaire, réduisant ainsi leur aphasie et accélérant leur convalescence. Fascinant !
Crédit photo : pasolo